Afin de visibiliser et objectiver la façon dont le secteur s’est adapté à la situation exceptionnelle que nous connaissons actuellement, nous avons récemment questionné un certain nombre de centres (CISP, SIS, ILI et PMTIC) afin d’évaluer l’impact de cette crise sur leurs activités et des mesures adoptées en lien avec le Covid-19.
Voici ce qu’il ressort de cette enquête…
Maintien des activités
La plupart des centres interrogés ont assuré des activités, la plupart du temps, sous de nouvelles formes en recourant au télétravail dans la majorité des cas. Quant aux activités collectives, elles ont toutes été annulées suite aux décisions gouvernementales.
Certains services ont maintenu des activités de permanences en présentiel ou par téléphone afin d’assurer un suivi des actions en cours avant le confinement. A titre d’exemple, la gestion administrative et financière d’une part, ainsi que la coordination et la préparation des futures animations ou ateliers d’autre part, demandent un travail directement au sein du centre. Dans ce cas, celui-ci est souvent assuré par une seule personne afin de respecter les mesures de distanciation sociale.
Si toutes les activités en présentiel ont été supprimées, néanmoins, pour les stagiaires qui sont toujours sous contrat de formation, une prise de contact hebdomadaire est généralement réalisée afin d’assurer le suivi de la formation. Finalement, pour les stagiaires en fin de formation dont le PIF était en cours de réalisation, le suivi a généralement été finalisé par téléphone.
Dans des entreprises de formation par le travail, des activités commerciales ont été maintenues quand elles étaient considérées comme essentielles comme l’entretien du linge des maisons de repos ou la préparation de repas à distribuer à domicilie ou à des collectivités. C’est le cas aussi des crèches et garderies. On nous a signalé aussi la poursuite de chantiers dans les filières bâtiment ou parcs et jardins ; mais ces situations ne sont pas généralisées à ce type de filières. Des activités de maintenance ont été poursuivies par exemple dans les filières horticulture ou maraichage, il en va de même dans les manèges où les chevaux demandent un indispensable suivi quotidien. A notre connaissance, les stagiaires n’y ont plus été impliqués, sauf rare exception, conformément aux consignes de la région wallonne.
Télétravail :
Le télétravail s’organise de manière assez similaire pour tous les centres interrogés :
- Entretiens par téléphone pour le suivi psycho-social et les diverses permanences (sociales, juridiques, etc.) ;
- Exercices fournis par mail pour assurer le suivi de la formation ;
- Cours par vidéoconférence et enregistrements vidéo. La continuité des formations FLE par exemple est assurée pour le public d’origine étrangère via des tables de conversations en ligne;
- Utilisation des réseaux sociaux (whatsapp, messenger, skype, zoom, jitsimeet, facebook, etc.) et mails pour maintenir un lien social entre le personnel pédagogique et les stagiaires mais également entre la direction et les travailleurs.
Dans la mesure du possible et en fonction des moyens de chaque centre, un suivi formatif tente d’être assuré et une communication d’être maintenue afin de garder le contact avec les stagiaires. En effet, la nécessité de maintenir des activités et un lien à distance est mise en évidence afin de prévenir le risque de décrochage du public.
Les directions veillent à maintenir un contact avec leurs travailleurs, afin notamment d’assurer le suivi du travail à domicile. De manière à rendre compte du travail presté, certains formateurs assurent un reporting des activités et des tâches qu’ils réalisent. Pour d’autres centres, la charge de travail a été distribuée dès le début du confinement de sorte qu’il n’est pas nécessaire de rendre compte du travail effectué de façon très formelle, ce qui n’empêche pas des contacts hebdomadaires avec les travailleurs afin d’assurer aussi le suivi du travail en cours. Quand un passage au bureau est nécessaire (gestion administratives, logistiques et techniques, impressions, etc.), des mesures sont alors mises en place en vue de respecter la distanciation sociale (limiter l’accès des locaux à une seule personne à la fois, etc.).
Le télétravail permet également une réflexion approfondie sur les projets pédagogiques actuels et futurs.
Concernant l’organisation du télétravail, de nombreux centres interrogés avaient déjà prévu des dispositions liées au télétravail dans leur règlement de travail. L’organisation du travail à domicile a donc été bien plus simple puisqu’une série de mesures étaient déjà prévues (serveur déjà accessible, procédure de communication établie,…). Par ailleurs, l’organisation d’activités à distance demande parfois de disposer du matériel nécessaire. Pour ce faire, certains centres ont mis en place une convention d’emprunt pour que du matériel habituellement utilisé au sein du centre puisse être emporté par le travailleur à son domicile.
En termes de gestion du travail, on nous signale que, parfois, des télétravailleurs travaillent plus qu’en temps normal, et sont même amenés à travailler durant leurs jours de congé. La garde des enfants, des personnes âgées ou malades ne semble pas constituer une grande difficulté, mais demande un temps d’adaptation.
Finalement, il apparaît que le télétravail engendre un coût supplémentaire pour certains centres. Ce dernier est encore difficilement estimable actuellement.
Adaptation du travail
La plupart des centres interrogés n’a pas proposé de changement temporaire de fonction ou de tâches. De l’importance est plutôt accordée au travail pour lequel les travailleurs ont très peu de temps à consacrer en général. Ainsi, l’annulation des activités collectives constituent plutôt une occasion de mettre à jour certains projets, pratiques et supports pédagogiques ou encore de mettre de l’ordre dans le travail administratif. Il arrive, cependant, que des formateurs soient affectés à d’autres projets mais toujours en lien avec leurs compétences et expériences.
Chômage temporaire
Peu de centres semblent avoir recours au chômage temporaire. Quand c’est le cas, c’est dans les associations gérant une EFT qu’il est utilisé pour tenter de compenser en tout ou en partie, les pertes de recettes liées à des activités commerciales suspendues. On nous signale aussi du chômage temporaire dans des centres développant des actions dans des appels à projets du Forem.
Maintien des subventions
Comme indiqué dans nos précédents numéros, le gouvernement wallon a décidé d’immuniser les subventions (CISP, ILI, SIS et PMTIC).
Toutefois, les dispositions prévues pour le PMTIC engendrent des pertes financières pour des centres, puisque la subvention n’est pas intégralement immunisée.
Les réalités sont contrastées ; l’immunisation des subventions est garantie pour les agréments, tandis qu’un flou persiste pour les activités prestées dans le cadre d’appels à projets ou en sous-traitance. Dans tous les cas où le montant de la subvention serait réduit, il est souligné que cela aurait des conséquences importantes sur le financement des centres.
En ce qui concerne les écoles de devoirs, l’ONE continue d’octroyer les subventions sans tenir compte de la non-fréquentation des enfants.
Par ailleurs, des délais supplémentaires ont été accordés pour l’introduction de documents ou rapports aux autorités publiques.
Et ailleurs dans le non-marchand ?
L’UNIPSO vous informe de ce qu’il se passe et comment on s’adapte dans le non-marchand en général. Toutes les infos en suivant ce lien.
De son côté, la fédération AtoutEI a sondé ses affiliés. 5 IDESS ont notamment répondu à son appel :
- Toutes sont actives le lundi 6/04. 4 structures ont maintenu leur activité depuis le 18/03. Une 5ème a redémarré ce lundi 06/04.
- Les activités sont variées : Bricolage (2), jardin (3), transport (2) et 1 épicerie sociale. L’activité de bricolage et dépannage est souvent suspendue, sauf pour des besoins urgents. Les rasons de suspension d’activités sont le maintien de la distanciation sociale (4), la viabilité économique (2), priorisation de l’activité primordiale (2, le transport social), maintenir les salaires des travailleurs (1).
- La proportion des ouvriers toujours en activité va de 50% à 100% pour ces 5 structures.
- Pour les employés, alternance des régimes de télétravail, de chômage pour force majeure et jours d’alternance physique au bureau.
Tous les répondants veulent maintenir l’activité en gardant les mesures de protection actuelles.
12 entreprises d’insertion hors titres services ont également répondu
9 sont toujours en activité dans divers secteurs : Tri (3), recyclage & réutilisation (4), espace vert (2) et nettoyage (6).
Les raisons du maintien de l’activité sont : Activité primordiale pour les citoyens et la nation (7), possibilité de maintenir la distanciation sociale (5), assurer la viabilité économique de l’entreprise (3).
La majorité des employés sont en télétravail (5) et 3 structures ont activé le chômage temporaire pour force majeure. Une structure alterne télétravail et chômage temporaire.
Pour les ouvriers à l’arrêt alors que l’activité continue : tous sont en chômage.
Les 9 structures vont maintenir la poursuite des activités après le 19/04.