Une étude de Statbel est sans pitié pour la formation en Belgique. Si au moins un belge sur cinq a suivi une formation en 2022, par contre, moins d’un chômeur sur cinq à peine est en formation ! Et c’est encore moins bon en Wallonie ! Or l’objectif européen annoncé est qu’un adulte sur deux suive une formation…
Une publication de fin mars de Statbel (1), l’office belge de statistique, mesure l’évolution de l’apprentissage tout au long de la vie des 25-64 ans. L’année dernière, en moyenne une personne âgée de 25 à 64 ans sur cinq a suivi une formation : 21,5% en 2022, soit une augmentation par rapport à 2021, où ce chiffre était de 19,9%. La baisse causée par la crise du coronavirus aurait donc disparu. Avec ce chiffre d’une personne âgée de 25 à 64 ans sur cinq, la Belgique est encore loin de l’objectif européen formulé début 2021 dans le cadre de l’Espace européen de l’éducation : 47% des adultes (25-64 ans) devraient avoir suivi une formation au cours de l’année écoulée, d’ici à 2025.
Il a été peu souligné dans les médias combien l’étude de Statbel pose des constats assez saisissants :
- Selon le niveau d’instruction : 8,1% des personnes ayant au plus un diplôme de l’enseignement primaire suivent une formation, contre 16,0% des personnes ayant un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur et 32,6% des personnes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Autrement dit, moins vous êtes formés, plus vous avez besoin d’une formation, moins on vous en propose !
- Selon la région : le taux de formation reste le plus élevé en Région de Bruxelles-Capitale avec 29,1%, pour 22,4% en Région flamande et péniblement 17,0% en Région wallonne. Plus votre région est pauvre, moins vous avez accès à une formation
- Selon l’âge : les jeunes de 25 à 34 ans sont plus de deux fois plus susceptibles de suivre une formation que les adultes de 55 à 64 ans : 27,8% contre 12,9%. Les autres groupes d’âge se situent entre les deux, avec 23,6% (35-44 ans) et 21,8% (45-54 ans). Plus vous êtes vieux, moins vous vous formez !
- Selon le statut sur le marché du travail : 24,8% sont des personnes occupées professionnellement pour à peine 17,2% sont des chômeurs, et seulement 10,3% sont des inactifs. L’augmentation est surtout marquée chez les personnes occupées. Plus vous avez besoin d’une formation pour trouver un emploi, moins vous en bénéficiez donc !
Ces différentes observations sont autant d’échos aux constats des formateurs confrontés à des problèmes de recrutement de stagiaires de plus en plus importants… En effet, les centres d’insertion socio-professionnelle de la fédération ne voient pas un nombre significatif de candidats envoyés par le FOREM dans leurs séances de recrutement. En moyenne, moins de 10% des personnes qu’ils forment ont été envoyées par le service public wallon de l’emploi…
Comment expliquer le nombre important de demandeurs d’emploi en Wallonie, alors que, l’an dernier, il y avait 500.000 offres d’emploi et qu’à peine 17% des chômeurs suivent une formation ? L’administratrice générale du FOREM a tenté de s’en expliquer le 4 avril sur les antennes de la RTBF. Ainsi, à propos des demandeurs d’emploi, elle constate qu’en Wallonie “43% de ces personnes sont réputées éloignées du marché de l’emploi pour des raisons de déqualification, de chômage, de problèmes personnels, de santé, etc. Et donc c’est ce à quoi nous devons absolument nous atteler, a fortiori quand il y a autant d’offres d’emploi. C’est le rôle du FOREM aussi.” Marie-Christine Vanbockestal rappelle à ce propos, la réforme de l’accompagnement des demandeurs d’emploi dont l’objectif est d’aller “chercher ces personnes et pouvoir, sur base d’un accompagnement très adapté, les ramener sur le marché de l’emploi “.
On a envie de lui dire : “Chiche”. A quand un nombre significatif de stagiaires adressés dans nos centres par ses services suite à ce fameux accompagnement dit “très adapté”. Il est grand temps que nos collègues du FOREM puissent traduire dans les faits une réforme de fond que l’administratrice générale appelait de ses vœux après les élections générales de 2019 (2) ! Le gouvernement wallon l’a traduite dans de nouveaux textes réglementaires ; au FOREM à faire le job à présent ! Allez, au boulot !
(2) L’Echo du 28 juin 2029 évoquait les grandes lignes du projet « Vision 2020-2025 » auquel travaillait la direction du service public wallon de l’emploi. Ce document fondait la réforme de l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Ce nouveau modèle s’inspirait des pratiques et organisations du VDAB, le service public flamand de l’emploi. Le point avait été évoqué publiquement par Marie-Christine Vanbockestal lors des rencontres « avec la société civile » organisées par le PS et Ecolo dans la perspective de la mise en place de la nouvelle majorité suite aux élections générales du 26 mai 2019