Ces dernières années, beaucoup de moyens numériques sont présentés, utilisés, exploités. Des centres affiliés ont mis en place très efficacement des ressources qui leurs servent dans l’accompagnement des publics. Dans le cadre du projet européen Start Digital, CAIPS va à la rencontre des affiliés…
A Perspectives, le numérique avait déjà sa place en formation mais pendant la pandémie de COVID-19, le télétravail s’est installé et la formation à distance s’est généralisée. Depuis, le retour au présentiel est de mise. Echanges avec Jérôme PITON, responsable de projets et formateur à l’ASBL Perspectives.
La présence du numérique est une constante dans toutes les formations organisées par le CISP : en infographie, maintenance informatique, régie de spectacle, (web)radio… mais également sous l’angle de l’accompagnement des stagiaires, en jobcoaching, bilan/projet et là où à priori on l’attendrait moins, en français. En remise à niveau en français, on utilise les tests sur Wallangue et des applications en ligne, et des tablettes étaient déjà mises à disposition des stagiaires avant le COVID. Aujourd’hui, le centre dispose plus globalement de portables à prêter aux stagiaires.
« On est passé au tout à distance dès lors que le présentiel a été interdit. Tout le monde s’y est mis rapidement et a su chipoter avec le numérique assez vite »
Dans l’ensemble, la formation à distance s’organise au cas par cas en fonction des groupes en formation. Pendant le confinement, hormis les formations PMTIC pour lesquelles cela posait trop de difficultés pour les apprenants, tout se faisait à distance, même en régie ou maintenance informatique alors que ces filières nécessitent la pratique. Des contenus de cours théoriques et des devoirs étaient mis en ligne à disposition des stagiaires. Des exercices pratiques à réaliser chez soi étaient remis aux stagiaires avec le matériel nécessaire, les formateurs utilisant ensuite la visioconférence pour aborder, tant que faire se pouvait, le volet pratique de ces formations techniques. Les choses ont été mises en place « en une semaine ». Tout le monde a pris le pli et s’est assez vite débrouillé, moyennant une initiation courte ou parfois plus approfondie lors de la remise de l’outil, tous n’ayant pas les mêmes facilités. Avec un petit récapitulatif de la marche à suivre (allumer, ouvrir sa boîte mail, se connecter à Zoom…), l’entame dans l’utilisation des outils numériques mis en œuvre dans le centre s’avérait et demeure assez rapide.
« On a fait tellement de distanciel y compris dans les filières techniques que dès que ça a été possible les choses se sont inversées »
Dans les filières CISP, c’est en remise à niveau français que l’accompagnement à distance perdure, et en formation bilan et projet qui prend alors la forme de suivis individuels. Elle est également pratiquée dans le cadre d’un projet spécifique qui vise l’emploi et la formation qualifiante, le formateur y travaillant avec les publics exclusivement à distance. Les entretiens se déroulent en visioconférence sur « Zoom », et l’accompagnement se déroule comme si la personne était à côté. Ils échangent et travaillent des documents en direct ; en cas de difficulté le stagiaire peut autoriser le formateur à prendre la main via « Zoom » ou « TeamViewer ». Actuellement et dans le cadre d’un appel à projet visant la mise à l’emploi de bénéficiaires par le biais de coachings individualisés, cinq capsules sont en développement afin de permettre aux stagiaires d’accéder à des contenus de formation à distance en toute autonomie : Comment postuler ? Créer son CV ? Etc.
Les formateurs, selon les filières, utilisent différentes applications. « Padlet » et « Genial.y » étaient déjà utilisées en formation français avant le Covid en tant que plateformes interactives, mais en présentiel et non accessibles à la maison comme aujourd’hui, permettant depuis la réalisation de devoirs et tâches en autonomie. Elles ont été employées par d’autres formateurs dans le centre pendant le confinement et continuent selon les cas à être utilisées à distance ou en classe dans l’animation des cours. Elles permettent d’organiser et d’animer différents sous-espaces sur une même plateforme interactive et d’y poser des contenus de formation théorique, des exercices, photos, vidéo et autres. Pour dynamiser les cours, des formateurs réalisent également des questionnaires et quizz avec « Kahoot ! » Dans les filières plus en lien avec l’informatique, le formateur dynamise son cours en se servant notamment de « Powtoon » pour créer des présentations animées et des vidéos explicatives animées, même si les potentialités sont limitées dans la version gratuite de cette application. Il se met également en réseau avec ses stagiaires sur « Discord », là où dans les autres filières plusieurs formateurs créent un groupe sur « WhatsApp » avec leurs stagiaires afin de communiquer et d’échanger des informations (horaires, communications du centre, etc.), des ressources, des photos, etc.
Beaucoup d’outils numériques ont été testés par les formateurs lors du premier confinement, les travailleurs s’étant formés pour améliorer leur pédagogie « à distance ». Afin de ne pas donner cours à des écrans noirs par exemple, certaines consignes ont été émises par les formateurs puis rappelées aux stagiaires en cas de besoins : activer la caméra, désactiver le micro, lever la main pour demander la parole, etc. Ces aspects se sont réglés en équipe et les formateurs régulent leurs groupes sans trop de problèmes – qui auraient par exemple nécessité d’aménager les règlements internes. Il en va de même pour régler des problèmes d’ordre plus technique ou des difficultés d’utilisation rencontrés par les stagiaires : d’une part, la plupart sont évités par l’initiation, la phase de test et la préparation individualisée plus poussée si nécessaire lors de la mise en main des outils ; d’autre part, la plupart des stagiaires sont autonomes assez rapidement dès lors qu’ils sont en mesure de se connecter en visioconférence avec le formateur. Celui-ci peut prendre la main sur l’outil, voir le stagiaire en présentiel, régler une urgence par téléphone, ou encore orienter le stagiaire dans le cas où cela s’avérerait pertinent vers l’agent de guidance, vers une formation de base…
L’idée a été évoquée en son temps de créer une plateforme d’apprentissage au niveau du centre, de type « Moodle », mais ce type d’outil a été jugé compliqué à développer et nécessitant beaucoup de temps… Sa plus-value n’est pas apparue évidente, de même que sa compatibilité avec l’usage qui est fait du numérique dans le centre. Cette idée a toutefois la volonté de se développer sur le long terme.