Selon l’OMS la crise sanitaire est finie. On s’en réjouira. Non sans regretter que ces effets perdurent par exemple pour des publics plus fragiles qui restent en replis. Non sans mettre en garde sur la nécessité de rester vigilant pour ne plus être pris de court en cas deretour de manivelle…
La pandémie de covid est finie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a décrété vendredi 5 mai : « Le virus est sous contrôle, il n’est plus une urgence sanitaire mondiale. ». Après trois longues années et sans doute plus de 20 millions de morts, comment ne pas s’en réjouir ? Dans nos vies quotidiennes, c’était déjà acté depuis de nombreux mois, nous avons tous repris le cours de nos existences respectives comme avant. Tous ? Comme avant? Sûrement pas…
On ne parlera pas de Remco Evenepoel écarté du Giro par le covid ; si le covid continue à circuler, il a perdu son caractère massif. Plus sérieusement, il reste le souvenir de ce que nous avons vécu et subi avec les couvre-feux, l’impossibilité de voir nos proches, l’assignation à domicile, la fermeture de quasi tous les lieux publics. Il y a ces personnes trop souvent oubliées qui n’ont plus retrouvé leurs habitudes d’avant et restent en replis, comme cachées. Il y a ceux et celles qui ont perdu des proches dans des conditions parfois indécentes, toujours inacceptables. Il y a ces jeunes et ces moins jeunes avec leur indicible mal-être, ce vague à l’âme qui les éloigne de plus en plus de leurs vies et des nôtres. Il y a ceux et celles qui vivent avec les effets de ce covid long qui n’en
finit pas de gâcher leur bien-être. Il y a ces personnels qui ont quitté à tout jamais l’hôpital pour d’autres cieux professionnels plus propices. On le sait dans nos centres, le retour à une vie normale prend du temps, nous devons jour après jour gérer les suites d’une crise qu’on sait déjà historique, à commencer par la nécessaire remobilisation des publics qui fréquentent nos centres…
« La pire chose qu’un pays puisse faire maintenant est d’utiliser cette nouvelle comme une raison de baisser sa garde, de démanteler les systèmes qu’il a construits ou d’envoyer le message à son peuple que le covid n’a rien d’inquiétant », a renchéri le patron de l’OMS. Sages propos. Des erreurs ont été commises, elles ne devront plus se reproduire. On pense à cette impréparation générale liée à une surdité collective aux alertes de nos scientifiques inquiets des effets sur la circulation des virus d’une globalisation qui s’accélère. On pense à un manque de coordination, d’équité et de solidarité qui nous ont valu des vies perdues. Nous avons été pris de court? Dont acte ! Mais une fois suffit, n’oublions rien. Nous devrons veiller à ne pas oublier les stratégies gagnantes que nous avons su déployer, à commencer par cette vaccination tant décriée qui nous a permis de sauver unnombre incalculable de vies et de retrouver plus vite une vie sociale. Et soyons de bon compte en soulignant l’opiniâtreté et la résilience collective dont nous avons fait preuve. L’éditorialiste du Soir dans l’édition du week-end des 6 et 7 mai mettait en évidence à juste titre « la preuve, à bien garder en tête, que les mauvaises choses ont une fin, d’autant plus si on met toute son intelligence et sa détermination à les combattre. L’épidémiologiste Peter Piot nous rappelait ainsi l’importance de la collaboration scientifique européenne et mondiale, et de la recherche, cruciales pour gagner cette course contre la mort ».