Les affiliés de la fédération étaient largement mobilisés au côté des autres fédérations et de l’ensemble du non-marchand privé ou public le 18 mars à Namur. Plus de 10.000 personnes étaient présentes pour défendre une Wallonie solidaire.
Les CISP s’y sont fait remarquer par une présence massive.
Mais plus encore, la réforme APE est aux oubliettes suite à l’effondrement inattendu de la majorité CDH-MR au Parlement wallon.
En rassemblant plus de 10.000 personnes dans les rues de Namur, la FGTB, la CSC et les fédérations sectorielles ou d’employeurs ont gagné leur pari de dénoncer la réforme des aides à la promotion de l’emploi (APE) et, plus largement, la fragilisation des services publics et du secteur associatif. Derrières les drapeaux rouges et verts, le cortège était constitué d’une multitude de petites structures qui craignent pour leur avenir. Travailleurs bien sûr, mais aussi dirigeants et responsables, sans oublier les bénéficiaires quotidiens des écoles de devoir ou d’alphabétisation, du réseau Lire et Ecrire, des services d’aides familiales, des centres d’insertion socioprofessionnelle…
Parlons-en des CISP. Nos centres étaient bel et bien présents et très visibles vêtus de blanc avec de nombreux calicots et bannières. Même si leurs représentants étaient difficilement dénombrables dans la foule, il semble bien que nous étions entre 2000 et 3000, estimation sans précédent, mais impossible à objectiver. Les affiliés de CAIPS ont répondu à nos appels à la hauteur des enjeux du moment.
L’opposition du terrain était quasi générale à Namur. Mais la plupart de nos représentants ignoraient alors que la majorité politique était en cours d’implosion ! La députée wallonne libérale, Patricia Potigny, attendait les derniers jours de la législature pour faire parler d’elle à Namur. Deuxième suppléante sur la liste MR à Charleroi avec à peine 985 voix aux dernières élections, et devenue députée suite au décès de Véronique Cornet, cette citoyenne de Montigny-le-Tilleul annonçait le matin même qu’elle rejoignait les rangs des Listes Destexhe en vue des élections du 26 mai prochain. Ce faisant, elle se mettait en marge du groupe MR au parlement de Wallonie. Sans son apport, les deux formations alliées depuis l’été 2017 ne disposaient plus de la majorité au sein de l’assemblée, puisque libéraux et humanistes ne comptaient plus que 37 représentants sur 75 élus : le vote du décret relatif à la réforme APE était renvoyé aux soins palliatifs grâce à une liste de droite radicale en cours de constitution…
Le parlement n’a pas pu approuver le décret de Pierre-Yves Jeholet sur la réforme des aides à la promotion de l’emploi. Avec l’assurance autonomie qui devait franchir la même étape décisive quinze jours plus tard, on se trouve là face à des échecs emblématiques de la majorité MR-CDH. Mercredi 20 mars, il a été décidé de reporter les débats tout comme les travaux en commission des jeudi 21 mars et vendredi 22 mars. Des manifestants étaient d’ailleurs présents pour chambrer les députés de la majorité sur leur échec relatif aux aides à la promotion de l’emploi.
Pierre-Yves Jeholet confiait au micro de La Première jeudi 21 mars matin : « Il y a probablement encore un mince espoir mais je suis réaliste, je pense qu’elle est reportée, peut-être à la prochaine législature ». Le ministre wallon de l’Economie espérait alors que, malgré l’absence de majorité, MR et cdH pourraient faire adopter toute une série de réformes, comme celle sur les formations et métiers en pénurie
Les instances du parlement de Wallonie ont consacré la fin du suspense jeudi 28 mars après-midi: les projets de réforme des aides à la promotion de l’emploi et d’instauration d’une assurance autonomie sont enterrés du moins pour la législature en cours. C’est une aubaine inattendue pour l’opposition emmenée par le PS et Ecolo, qui contestait ces projets depuis le début. D’autres projets filent également au frigo, faute de consensus. Il s’agit notamment de la réforme des provinces, l’octroi d’une prime de formation complémentaire dans les emplois en pénurie ou la création d’une agence de la dette.
Nul doute que le nouveau gouvernement se trouvera confronté aux mêmes contraintes budgétaires que les deux précédents, celles-ci seront sans doute plus fortes encore. La forfaitisation des APE sera immanquablement à l’ordre du jour, la tentation de réaliser des économies d’échelle sera grande. Disons-le sans crainte de nous tromper : la mobilisation des acteurs de terrain restera à l’ordre du jour…