L’Interfédération a transmis à la ministre Morreale ses cinq priorités dans le cadre de la négociation du nouveau Plan wallon de lutte contre la pauvreté…
1. Revaloriser le montant de l’indemnité horaire de formation des stagiaires (et augmenter la subvention des EFT en conséquence ou recourir à un contrat F70bis)
- La situation socio-économique des stagiaires est déterminante dans la réussite du parcours de formation ; des stagiaires ne peuvent aller au terme de leur formation faute de moyens de subsistance suffisants (une enquête menée par Bruxelles-Formation en 2018 l’a spécifiquement démontré).
- L’indemnité horaire de formation n’a plus été augmentée depuis 1973.
- Le Gouvernement wallon a déjà début 2019 procédé à l’octroi d’une prime de formation supplémentaire pour les formations professionnelles dans les emplois en pénurie ; ce dernier dispose donc de moyens pour accorder des incitants à la formation.
2. Renforcer les mesures d’accompagnement psychosocial des stagiaires afin d’améliorer la prise en charge et l’accroche des publics les plus précarisés via un refinancement du forfait horaire de la subvention d’au moins 1€ par heure de formation stagiaire.
- La DPR 2019-2024 souligne, dans le cadre de la lutte transversale contre la pauvreté et pour la réduction des inégalités, la nécessité d’intensifier le plan wallon de lutte contre la pauvreté notamment par le renforcement du « cadre de l’insertion socioprofessionnelle et de la formation avec un objectif effectif d’insertion ».
- Les publics des CISP sont de plus en plus précarisés et nécessitent un accompagnement renforcé et personnalisé qui demande davantage de temps. Il est donc essentiel de pouvoir garantir la possibilité de prises en charge de durée plus longue pour les stagiaires les plus fragilisés en fonction de leurs besoins pour permettre une réelle (ré)insertion.
3. Uniformiser le statut des stagiaires EFT et DéFI en maintenant le montant de l’allocation de chômage ou d’insertion pendant toute la durée d’une formation dite temps plein en CISP.
Comme la question de la dégressivité des allocations de chômage dépend de la réglementation fédérale et que les leviers à ce niveau de pouvoir sont faibles actuellement, nous nous appuyons sur une démarche alternative pour suspendre la dégressivité des allocations de chômage pendant la durée de la formation en octroyant des contrats F70bis « administratifs » du Forem aux stagiaires concernés en EFT comme c’était le cas auparavant.
4. Obtenir un soutien financier supplémentaire et ponctuel de la Région wallonne pour aider les centres à adapter leurs filières de formation en fonction de l’évolution de leur public ou de l’offre de formation existante sur le territoire.
Les publics évoluent et sont souvent de plus en plus précarisés. Cela peut nécessiter une adaptation de l’offre de formation pour mieux répondre à leurs besoins ; or, cette adaptation nécessite souvent des investissements en équipements et infrastructures, des formations pour le personnel ou une préparation plus ou moins importante par exemple pour la négociation de nouveaux partenariats ou l’élaboration de nouveaux contenus pédagogiques.
5. Renforcer la coopération et les complémentarités entre les acteurs de formation des adultes.
Suite au constat partagé de difficultés de recrutement, une concurrence s’installe entre opérateurs au détriment d’un parcours fluide qui réponde aux besoins du stagiaire. Le secteur des CISP s’inquiète des effets pervers de cette concurrence qui se renforce de plus en plus dans plusieurs bassins d’emploi. Il convient de réfléchir au rôle que devraient jouer les IBEFE au vu de leur manque de proactivité ou d’efficacité par rapport à la coordination sous régionale de l’offre de formation et son adaptation à la demande. Il convient aussi de poursuivre les projets en cours pour renforcer la reconnaissance des acquis d’apprentissage entre opérateurs de formation.
Par ailleurs, en parallèle de ces cinq propositions politiques, l’Interfédé demande de revoir les dispositions réglementaires existantes ou de prendre distance avec toute proposition
- qui pourraient déboucher sur la nécessité d’une augmentation des heures à prester comme la proposition relative au transfert des APE résiduaires en augmentant proportionnellement le nombre d’heures de formation à réaliser dans les centres en difficulté ;
- qui compromettent la réalisation des heures comme la limitation des heures assimilées telle que prévue dans la révision de l’arrêté CISP d’avril 2019.
Ces dispositions réglementaires ou propositions entravent l’action des CISP et amplifient les difficultés de réalisation des heures qui sont en lien direct avec la diminution de stagiaires.