Retour sur les Etats Généraux 2019: Mobilité

En matinée, la mobilité inclusive a été approchée sous l’angle théorique. Christine Mahy du RWLP a d’abord montré que la mobilité est souvent “le problème en trop ” pour les personnes en situation de pauvreté : le coût des moyens de transport individuels et collectifs les empêche de se déplacer librement pour faire face à leurs obligations et besoins, avec parfois des conséquences aggravant leur situation. Trois orateurs partenaires de CAIPS dans le projet Mob’In Europe se sont ensuite penchés sur le concept de “mobilité inclusive” : Layla MAGON (Mob’In Normandie) en a fourni une définition, Hughes MENANT (Mob’In Bourgogne Franche Comté) a présenté les missions et le fonctionnement des “plateformes territoriales de mobilité inclusive” qui permettent en France d’agir sur le “savoir bouger” et le “pouvoir bouger” des personnes en difficulté, et Raluca OURIAGHLI (Atelier Fara Frontiere, Roumanie) a formulé des recommandations pour une politique de mobilité inclusive portée à l’échelle européenne.

En seconde partie de matinée, la question de la mobilité des wallons a été abordée par Amandine MASUY (IWEPS) sur base de deux enquêtes de mobilité récemment menées par l’IWEPS qui confirment la prégnance de la voiture individuelle et un lien fort entre emploi et possession/usage de la voiture. Enfin, Simon BORJA, doctorant en sciences politiques de l’Université de Lille, a dénoncé une dérive à l’œuvre en France, qui voit la mobilité devenir un concept fourre-tout, prenant des allures d’injonctions idéologiques : à en croire certains discours, il “faut” bouger pour être un citoyen à part entière – mais la “mobilité à tout prix” est en réalité une valeur de la classe dominante, qui tend à s’imposer à tous, en particulier aux personnes défavorisées.

Durant l’après-midi, dix solutions de mobilité inclusives déjà fonctionnelles en Belgique et en France ont été présentée de manière brève, dans le cadre de dialogues entre CAIPS et des représentants des opérateurs de terrain qui les ont mises en oeuvre pour répondre à des besoins de mobilité de leurs publics : la centrale de Mobilité MOBILESEM et son guide “Bouger pour l’emploi” (ateliers pour un coaching mobilité); la plateforme en ligne You’Move (diagnostic mobilité et ressources pédagogiques pour la formation à la mobilité) ; les dispositifs de soutien à la mobilité du FOREM (indemnités de déplacement sous contrat F70bis) ; la centrale des moins mobiles MOBITWIN qui offre un service de transport à la demande fondé sur le bénévolat ; la filière CISP “permis de conduite théorique” de la FUNOC à Charleroi ; le projet français Intégra-Code qui associe apprentissage du français et apprentissage du code de la route pour un public de primo-arrivants non francophones ; la formation au permis pratique avec moniteur agréé via la filière libre proposée par l’Association Chapitre XII « SPOT » en région liégeoise ; le projet de formation d’instructeurs de conduite pour le secteur social porté par l’école de conduite sociale EFT Chantier en Hainaut ; le module de formation “transport de personnes et de repas” créée par l’asbl Devenirs de Marchin.

Des conclusions politiques ont été formulées au terme de la journée par Jean-Luc Vrancken, Directeur de CAIPS, Benjamin WERY, président de l’IBEFE de Liège et – last but not least – la nouvelle ministre de l’Emploi et de la Formation Christie MORREALE, qui rencontrait ainsi le secteur pour la première fois depuis sont entrée en fonction… quatre jours plus tôt, et qui a profité de l’occasion pour affirmer sa volonté de travailler en concertation avec le secteur, et de marquer ainsi une rupture franche avec le climat des deux dernières années.
On ne terminera pas sans citer un autre acteur qui fit le succès de ces Etats Généraux 2019 : l’asbl FOCADES, dont les formateurs et stagiaires ont assuré un service « traiteur » du début à la fin de la journée avec élégance, compétence et grande amabilité : qu’ils en soient remerciés !