Une Europe plus sociale se dessine-t-elle sous nos yeux ? Les prémisses sont là, tout comme les moyens financiers. Il reste à concrétiser une volonté politique que porte la nouvelle présidence portugaise pour 6 mois. Chiche ?
Les priorités identifiées dans le programme de travail de la présidence européenne s’imposent de facto à tous et donnent le ton des six mois à venir. Le Portugal a repris début janvier les rênes de la présidence semestrielle tournante des travaux du Conseil de l’Union européenne, des mains de l’Allemagne, avec une orientation particulièrement marquée pour le social. C’est la quatrième fois que le Portugal assume la tâche de la présidence, Lisbonne assure que non seulement la reprise post-Covid devra être verte et numérique, mais elle devra aussi être « juste ». Il faut aussi développer le pilier social de l’UE.
Revoilà à l’avant-plan de l’agenda européen, l’Europe sociale. Mais est-ce du solide ? Plusieurs éléments tendent à le laisser croire, du moins…cette année. Le gouvernement social-démocrate de Costa s’est illustré par sa rupture avec la politique d’austérité, conduisant à un « miracle portugais », avec une sortie de la récession par le haut. La « stratégie de Lisbonne » est née sous une présidence portugaise en 2000. Celle-ci visait à faire de l’Europe l’économie n°1 au monde en dix ans tout en misant sur de meilleurs emplois et une plus grande cohésion sociale. Cette présidence marquante avait jeté les bases d’un pilier social européen. Certes, la crise économique et financière est passée par là contribuant à écarter le social des priorités, mais depuis, l’agenda social promu par Lisbonne aujourd’hui rejoint celui remis en avant à la Commission européenne par Jean-Claude Juncker et Ursula von der Leyen, après dix ans d’austérité sur le plan social. Ce retour des ambitions européennes pour lancer de nouvelles avancées sur le front social s’inscrivent dans un contexte particulier. Le Brexit a très fortement secoué l’UE et la Covid va laisser des traces ; une crise sociale s’annonce de plus en plus avec des premières annonces antérieures à la crise sanitaire avec par exemple les gilets jaunes. Or nous voilà à un moment clé dans la mise en œuvre des politiques européennes à venir. Les moyens financiers sont là, leurs affectations sont en cours de décision tant pour le Plan de relance, que la nouvelle programmation 2021-2027 des fonds structurels européens ou le “Green Deal”. Ce sont des moyens colossaux qui vont inévitablement influencer de façon significative les politiques des Etats membres pour les 5 à 10 ans à venir. Nous sommes de toute évidence à un moment clé à cet égard…
Alors une Europe plus sociale à partir de 2021 ? Croisons les doigts et espérons ne pas être encore déçus…